Pascale Recher et Sabine Courtant, maquilleuses de l’atelier « Lumière et maquillage » au dernier IDIFF qui s’est tenu du 30 janvier au 1er février au Palais des Congrès à Paris, souhaitent à leur tour témoigner de leur expérience en tournage HD, suite au texte qu’a publié Sophie Landry dans la dernière Lettre de l’AFC.
Des essais de maquillage ouverts au public ont été menés à IDIFF, produits par Ciné Système, sous les objectifs de quatre caméras HD (la Viper de Thomson, la Panasonic HPX3000, la D20 de Arri et la Sony F23). Nous avons utilisé les techniques à l’aérographe et traditionnelles, et nous avons constaté que chaque technique a son utilité dans des circonstances différentes. Par exemple, sur des peaux jeunes à problèmes, l’aérographe s’est avéré plus performant pour cacher les imperfections et obtenir un teint velouté en finesse : on peut travailler par petites touches sans mettre trop de produit ni abîmer les corrections portées en premier. En revanche, pour une peau de femme mûre, l’aérographe peut s’avérer plus risqué si on ne l’utilise pas en finesse, parce que le moindre excès peut accentuer les rides. Les autres exemples sont nombreux.
L’aérographe n’exclut en aucune façon l’usage de l’éponge et du pinceau : pour le modelage, combiner maquillage à l’aérographe et maquillage traditionnel est souvent pertinent !
L’aérographe est un des outils que l’industrie cosmétique professionnelle propose en réponse à certaines difficultés rencontrées en prise de vues HD, tout comme les fonds de teint plus pigmentés et à base de silicone que d’autres marques proposent. L’aérographe permet d’appliquer en les vaporisant trois sortes de fond de teint différents : des fonds de teint à base de silicone plus satinés, des fonds de teint mats à base d’eau, et des fonds de teint à base d’alcool parfaits pour les effets spéciaux et pour les corps car waterproofs et sans transfert. Il faut savoir que ceux à base d’eau et d’alcool sèchent trop vite pour être utilisés autrement qu’à l’aérographe. La pression de la vaporisation est modulable, du bout du doigt, selon les zones qu’on maquille : le contact n’est donc ni agressif ni désagréable pour la personne maquillée.
Outre la maîtrise manuelle de l’outil aérographe, son utilisation ne dispense pas de connaître « l’art de faire » : il faut à la maquilleuse les mêmes notions de dermatologie qu’en traditionnel, la même connaissance des produits, la même maîtrise du jeu des couleurs pour corriger les imperfections, et bien sûr son expérience acquise au fil des tournages. Il s’agit d’une technique nouvelle, à apprendre et à s’approprier : comme tout outil, chaque technicien l’utilisera selon sa personnalité et sa patte. Le résultat dépend de chacun(e), de sa sensibilité, de son savoir-faire.
Selon nous, l’aérographe permet simplement de proposer plus d’options au chef opérateur et au réalisateur, avec qui, comme l’a dit Sophie Landry, la discussion préalable est cruciale !
Sabine COURTANT
Pascale RECHER