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Succès de la première journée en relief d’UP3D

Vendredi 17 avril à l’Espace Cardin, l’association des professionnels du cinéma en relief, en partenariat avec la CST, a rempli le rez-de-chaussée et la grande salle de projection de l’Espace Cardin, de techniciens, producteurs et réalisateurs venus à la découverte du relief français. On en a eu plein la vue !


Malgré la quantité de paires de lunettes aux formes les plus originales les unes que les autres qui ornaient le nez des visiteurs, ce n’était pas un congrès de bigleux en mal de mode opticienne, mais bien des portes ouvertes sur les images animées en relief qui se créent en ce moment en France. UP3D, présidée par Alain Derobe, regroupe des sociétés et des particuliers autour de la production en relief, de la préparation story-boardée à la visualisation, en passant par la machinerie et la postproduction.

Toutes les étapes de la filière étaient représentées chez les exposants.
Des solutions et des aides pour le relief existent dès la préparation : Cédric-Alexandre Saudinos, de l’association Parallell Cinema, présentait une version alpha du logiciel Frameforge Previz Studio 3 qui permet d’élaborer un story-board en relief (visible grâce à des lunettes anaglyphes, un œil rouge, l’autre vert), et de calculer les réglages du relief en plateau, en fonction de la taille de l’écran.
Capture d'écran de Frameforge {JPEG}
Les (trop rares) réalisateurs présents ont en effet bien compris que les réglages de la prise de vue en stéréo se font aussi en fonction de la taille de l’écran pour lequel on produit : on ne travaille pour l’Imax comme pour un écran de 4 mètres de base, encore moins pour un écran domestique.

Propulsion accueillait les visiteurs avec une impressionnante BMW équipée d’une tête susceptible d’accueillir un module pour deux caméras côte à côte (ici deux HDV).

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Moto Propulsion
La BMW aménagée par Propulsion, avec une tête accueillant un module côte à côte
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Moto de Propulsion
BMW trafiquée et câblée
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Tête en motion control
La tête est commandée à distance par manivelles.

Plusieurs modules à miroir, conçus pour accueillir les caméras en position perpendiculaire, étaient montrés :

Emit

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Emit
Le Rig de P+S Technik monté avec la caméra SI-2K (toute petite derrière le pare-soleil !)

Panavision-Alga,

Tatou, munis du même rig conçu par Alain Derobe

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Rig Tatou
Rig apporté par Tatou

Locared, avaient chacun le leur. On en voyait sur pieds, sur dolly et grue

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Module sur dolly

et même en steadycam !

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Philippe Bordelais fait une démo de stead, avec projection en direct (d’où les nombreux câbles)

Philippe Bordelais, assisté de Thierry Pouffary à la stéréographie, et de l’équipe du chef machino Castor, a fait une démonstration aussi amusante que richement câblée… Ici deux Sony HDW-750 : pour tenir sur le stead, celle qui est en position verticale et qui filme le miroir est en-dessous…

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Réglage de la stéréo
Thierry Pouffary règle l’écartement avec les lunettes anaglyphes et l’écran HD3D de Transvideo
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Philippe Bordelais en démo (caméras : deux Sony 750 de chez Bogard)
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La caméra "verticale" est en dessous...

Les modules à miroir ont pour avantage de pouvoir rapprocher l’un de l’autre les axes focaux de caméras dont l’encombrement ne le permet pas si on les met côte à côte. (rapprochement maximum de 6,5 cm, valeur moyenne du "chiasme", la distance qui sépare nos pupilles).
La démo était accompagnée d’une projection en direct, d’où une multiplicité de câbles, et une jolie queue leuleu pour les tirer :

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Queue leuleu derrière le stead
Au moins 3 personnes pour tenir les câbles du steadycam !

Vivement des retours HF efficaces, nous a soufflé le chef machiniste...

Ces paluches, qui filmaient en direct, et dont les images étaient projetées sur un petit écran silver n’ont, elles, pas besoin de module à miroir pour se rapprocher autant que nécessaire !

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Deux paluches côte à côte pour la prise de vue stéréo.
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Plusieurs projections relief animaient les stands des exposants, visibles grâce à des lunettes polarisantes. Apy présentait notamment le logiciel de postproduction Iridas, qui a été utilisé pour étalonner Slumdog Millionaire, le concert de U2 en relief, ou encore Voyage au centre de la Terre. Le réalisateur Denis Courtod en faisait une démonstration sur une bande démo tournée en SI-2K.

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Denis Courtod fait une démonstration des fonctions d’Iridas avec projection relief.

En plus des fonctions d’étalonnage, dont les réglages s’appliquent à toutes les pistes de lectures ouvertes (jusqu’à 9 !), un petit réglage «  pan and scan » montrait efficacement comment, en jouant sur la rotation et l’angulation de chaque œil, régler le décalage des deux images, et donc peaufiner le relief créé à la prise de vue. Quelques outrances de sa démonstration donnaient même mal au cœur…

Alain Derobe et Pierre-William Glenn, président de la CST, ont introduit la conférence-projection.

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A. Derobe, PW. Glenn et L. Hébert pour introduire la conférence

Celui-ci se félicitait d’une synergie entre UP3D et la CST, en vue de l’élaboration de normes de projection en relief, afin que « les œuvres restent au plus proches des envies et du travail des techniciens ». On relira avec profit les articles consacrés au relief dans le numéro de mars de la Lettre de la CST.
Cela faisait penser aux projets de certains réseaux d’exploitants de s’équiper en écran « silver » (argentés), qui permettent la projection de films en reliefs avec filtres et lunettes polarisants, mais sur lesquels la projection de films « plats » est catastrophique : ces écrans très directifs produisant le même effet que les écrans LCD, l’image perd en luminosité et en contraste au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la place centrale de la salle. Il est important de noter que les salles qui projettent en relief aujourd’hui le font avec des lunettes « actives », qui obscurcissent chaque œil à la fréquence de la projection à 144 images/seconde, et qui sont commandées par infrarouge. Elles sont hors de prix et pèsent lourd sur le nez, mais elles permettent de projeter sur écran blanc classique…

Alain Derobe expliquait ensuite que cette journée était le baptême d’UP3D, association dont l’objet est le partage des informations sur le relief, et donc la circulation des informations et des techniques. Ses membres sont, d’après lui, des « divulgateurs », contrairement aux Anglo-saxons, dont les mœurs sont plus secrètes… Pour A. Derobe, les tournages en stéréo devraient se multiplier, grâce à la disponibilité des technologies : des modules à miroir de Binocle ou tous les réglages sont contrôlables à distance, à l’écran HD3D de Transvideo, qui permet de calibrer le relief à vue sur le plateau, les outils existent, qui permettent d’établir une « stratégie artistique », et de savoir ce qu’on fait. L’improvisation est inopérante : pour A. Derobe, un des objectifs de cette journée était également de faire comprendre l’importance de la préparation, d’un story-board, et de l’intégration à l’équipe du stéréographe. Il est indispensable dès la conception et les repérages (toutes les situations ne sont pas favorables au relief), jusqu’à la postproduction, pour régler la stéréoscopie et apporter les corrections nécessaires. (On trouvera une présentation très complète du travail du stéréographe sur le site de Laurent Verduci, membre de UP3D présent lui-aussi à l’Espace Cardin.

Une conférence évoquait ensuite « les surcoûts liés au relief ». Thierry Barbier (Producteur - AmaK Studio) et Franck Savorgnan (Directeur de Production) passaient en revue toutes les étapes de la production, y ajoutant les contraintes de temps, de personnel et de matériel dues au relief.
Pour les réalisateurs et les producteurs qui pensent au relief sans oser y mettre le doigt, leur exposé rappelait quelques données intéressantes :

- le relief ralentit le rythme du montage, donc si on a bien deux fois plus de rushes, on n’a pas deux fois plus de plans à tourner.
- Ils sont plus longs, et plus mobiles : le relief est mieux mis en valeur par des mouvements amples d’appareil qui dévoilent les perspectives, et il faut donc prévoir une machinerie mobile. (Soulcam présentait notamment des images envoûtantes tournées entre les clochers de la cathédrale de Laon avec un dirigeable à hélium…).
- Les reliefs pourront être plus « jaillissants » si la salle pour laquelle on tourne est dédiée au relief ; ils seront par contre plus « creux », plus en « lointains », si la salle n’est pas dédiée.
- Les optiques spéciales relief étant rares, il faut faire des essais poussés pour déterminer les couples qui fonctionnent.
- Le jeu des acteurs est lui aussi touché, un temps d’apprentissage est nécessaire, et les déplacements doivent être très précis.
- Le mixage en spatialisé devient encore plus indispensable en relief, chaque spectateur ressentant une spatialisation très forte, et intime, de la scène…
- Il est indispensable de corriger en postproduction les « malfaçons du relief » : les images tirées des deux caméras ne sont pas superposables aux rushes, il y a toujours nécessité d’homogénéiser les deux yeux…

Nous ne comptons pas retranscrire ici toutes les informations délivrées au cours de la conférence ! Il faut tout de même retenir que les conférenciers annoncent un surcoût de 40% dû au relief.

La projection (assurée par la CST, avec lunettes actives prêtées par Volfoni) montrait une dizaine de bandes tirées de films inédits français, en images de synthèse ou en prise de vues réelles. Les reliefs étaient différents, plus ou moins confortables parfois. Peut-être certaines images, prévues pour un écran Imax, n’étaient-elles pas adaptées à l’écran de l’espace Cardin ? Les jaillissements étaient plus difficiles à voir pour certaines paires d’yeux, dont la nôtre…

Un film a particulièrement attiré notre attention lors de la projection : c’est La Forêt des abeilles, de Yves Elie, produit par Difference Films. On y voit notamment un long plan immobile d’une marmite sur son poêle, ou encore le héros, somnolant, un livre posé sur le ventre... en relief ! Son producteur, Jean-Philippe Bernard, nous explique qu’il s’agit d’une fiction à vocation documentaire, autour de la conservation des abeilles noires des Cévennes, et d’un ermite technophile (le réalisateur !), de son chien Pistache, de ruches traditionnelles creusées dans des souches...

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Abeilles noires des Cévennes
copyright 2008 VB Films / DIFFERENCE Films
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Ruches
copyright 2008 VB Films / DIFFERENCE Films

Les premières images du court-métrage ont été tournées cet hiver avec deux caméras Canon, d’autres seront tournées au mois de mai, et il est prévu un long métrage en 2k, Le Pays où les abeilles ne meurent pas.
Si vous disposez de lunettes anaglyphes, vous pourrez peut-être voir les images en relief...

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Ruches en relief
copyright 2008 VB Films / DIFFERENCE Films
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Ruches en relief 2
copyright 2008 VB Films / DIFFERENCE Films

Jean-Philippe nous glisse au passage que la théorie des 40% de surcoût ne s’est pas appliquée à ce film, postproduit sur Final Cut Pro.

La journée était brillamment organisée par Alain Derobe (qui n’a pas arrêté de bricoler sur les stands),

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Derobe bricole
Quelques tournevis, et Alain se met au travail

assisté de Joséphine Derobe, Sylvain Grain, Jean-Yves Poutiers, et d’autres valeureux membres de UP3D. Merci à eux, et vivement l’année prochaine !

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Thierry Pouffary, Joséphine Derobe et Alain Derobe

P.-S.

Je ne peux qu’inciter tous ceux que le cinéma en relief intéresse à lire le n°3 de la revue Lumières de l’AFC dès qu’il sera paru : un grand article y sera en effet consacré à Alain Derobe, qui y rappelle les principes optiques du relief, et quelques règles faites pour préserver l’hygiène oculaire des spectateurs...

info portfolio

Trioviz Spectateur Doremi projection polarisée lunettes actives Doremi Storyboard en 3D

mardi 21 avril 2009, par Hélène de Roux

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